Et si on parlait de la VF de SANDA ?
Joyeux Noël à tous et à toutes. J’espère que ces vacances de fin d’année se passe bien pour vous. A la base, j’avais prévu de terminer l’année sur un petit bilan de l’ensemble des versions françaises qui sont sorties, mais bon, je me suis rendu compte au bout de quelques jours avant la date fatidique que ça allait être quelque peu compliqué d’aborder le sujet correctement dans de tels délais, alors à la place, je vous propose un article qui ira au plus simple, à l’essentiel, puisqu’on va parler de la VF de SANDA et deux trois petits trucs à côté, pas grand chose rassurez-vous. En plus, on est dans le thème, et ça vous fait un beau cadeau de ma part, ne me remerciez pas !
SANDA, pour ceux qui n’en auraient pas entendu parler, c’est l’adaptation animée du manga éponyme de Paru Itagaki, le créateur de Beastars. Produit par le studio d’animation Science Saru (Devilman Crybaby, DanDaDan), c’était sans aucun doute l’animé qui aura marqué une saison d’automne bien terne en matière de sorties d’animés intéressantes. Avec un design des personnages unique en son genre, une réalisation technique assez irréprochable sur les 12 premiers épisodes, et une histoire autant intrigante qu’étrange, cette série m’a beaucoup surpris, et je n’ai pas été déçu du voyage, bien au contraire même, puisque j’ai commencé à dévorer chaque épisode un par un tous les vendredis soir. Diffusé dans le monde entier sur la plateforme de SVOD Amazon Prime Video, la version française a été produite en Belgique, sous la direction de Gauthier de Fauconval au studio IMAGINE, et a été diffusé en simultané avec la version originale. Les textes français sont signés d’un trio d’auteurs : Camille Cordival, Marie Dubois, et Mathieu Dodu, et l’on peut retrouver notamment Philippe Résimont, Valentin Gaillard, Alayin Dubois et Yannick Besson sur les rôles principaux.

Si je voulais vous en parler aujourd’hui, au delà du clin d’œil malicieux que vous aurez vu venir à des km, c’est parce que ce doublage me permet d’aborder pas mal de constatations que j’ai sur les VF d’animés de 2025, avec à la fois des bonnes idées, des bonnes trouvailles, mais aussi quelques éléments qui m’ont laissés sceptique. Et quoi de mieux pour commencer par aborder la démarche de ce doublage en elle-même dans le cadre d’une plateforme, Prime Video, la même qui, après avoir abandonné l’exploitation de l’animation japonaise en dehors du Japon pendant un temps, nous a proposé, coup sur coup en début d’année, la version française catastrophique de From Old Country Bumpkin to Master Swordsman, produite à Londres, ainsi que la très discutable, quoique correcte version française marocaine de The Table Dinner Detective. En effet, à partir du doublage de Gundam GQuuuuuuX, produit par Bandai mais proposé en exclusivité sur leur plateforme, ceux-ci semble manifestement s’être décider à réaliser quelques rares doublages en Belgique, sur des séries comme New Panty & Stocking with Garterbelt, City The Animation, et enfin l’animé qui nous intéresse ici, SANDA, dont la bande-annonce laissait craindre justement que celui-ci pourrait potentiellement être doublé à Londres, ce qui ne fut finalement pas le cas, ouf ! On ne pourra que saluer Prime Video de s’être rendu compte en cours d’année que oui, l’animation japonaise méritait mieux que des doublages aux rabais, vite fait mal fait et désagréable à entendre, en espérant, sans doute à perte vu le peu d’attention et d’intérêt que semble avoir la plateforme pour les œuvres qu’elle distribue et leur communication, que cela ne se reproduise plus jamais.
Pour ce qui est de la version française en elle-même, comme je le disais plus tôt, il y a du bon et du moins bon. Si Philippe Résimont est génialissime sur le père Noël et arrive à être à l’aise à la fois dans les discours grandiloquents mais aussi dans les réflexions plus intimistes que ce dernier a, on ne pourra pas dire la même chose de son alter-égo Kazushige Sanda, où Valentin Gaillard, dont il s’agit, à ma connaissance, de son premier rôle principal sur de l’animation, a dû mal à être dans la peau de son personnage, surtout dans les premiers épisodes où l’on sent un net décalage entre sa voix et sa manière de le jouer, par rapport au personnage qu’il est censé incarné, même si je constate tout de même une relative amélioration au fil des épisodes. Il en va un peu de même pour Yannick Besson sur Hitoshi Amaya, même si c’est moins dérangeant. Ce sont sans doute les prestations de ces deux comédiens qui vous feront potentiellement basculer vers la version originale si vous n’arrivez pas à passer outre leur voix. Pour le reste, je ne pourrais pas en dire autant de Alayin Dubois, qui, après m’avoir agréablement impressionné sur Amate « Machu » Yuzuriha dans Gundam GQuuuuuuX, m’impressionne une fois de plus sur Shiori Fuyumura, tant elle est raccord dans les moments les plus terrifiants et borderlines de cette dernière ou, au contraire, à être plus attendrissant dans ses interactions avec SANDA par la suite, où l’on ressent bien son âme d’enfant en proie au plus grand des désespoirs, et pour qui le père Noël ne sera pas seulement quelqu’un qui lui permettra d’exaucer un souhait qui lui est chère, mais un véritable sauveur. Je pourrais évoquer en autre réussite David Manet sur Saburō Yagyūda, un agent ennemi du père noël flegmatique, Pierre Lognay en terrifiant directeur d’établissement complètement fou et dangereux, sans oublier Nancy Philippot qui double l’amie que recherche désespérément Fuyumura au début de la série, et qui va s’avouer au final cacher un terrible secret sur lequel je ne vous dirai pas plus. Après tout, je m’en voudrais de commettre un odieux crime de divulgâcher un tel pivot de l’intrigue aujourd’hui, plus que tout autre jour.

Maintenant que ce décor est planté, j’aimerais vous interroger sur une chose. Aurait-on pu espérer mieux en ce qui concerne le doublage de la série ? A mon sens, c’est un grand OUI. Avec un peu plus de temps offert au directeur artistique pour mettre les comédiens les plus en difficulté dans le bain, leurs prestations auraient peut-être été meilleurs, qui sait ? Peut-être même que si ce n’était toujours pas satisfaisant malgré les tentatives et qu’il n’y avait pas d’autre solution, il aurait pu avoir le temps de trouver un autre comédien remplaçant. Peut-être aussi, pour les plus audiophiles d’entre vous qui l’auront remarqué, le mixage aurait été plus travaillé, avec une meilleur spatialisation du son et un meilleur soin apporté aux petits détails qui rapprocherait la piste VF de l’excellence de la piste originale, quoique imparfaite elle aussi en raison des contraintes télévisuelles. Sauf que voilà, le simuldub, ça ne permet pas de faire des ajustements comme on veux, car le respect du délai accordé est un impératif sur ce type de projet de doublage, encore plus pour des plateformes comme Amazon où l’épisode doit sortir quoiqu’il arrive, sans retard ou report possible, en synchronisation avec les autres doublages étrangers. Et c’est là où je commence à me poser cette question, la méthode du simuldub ne montrerait-elle pas ses limites sur les doublages d’animés que nous avons pu entendre cette année ?
Car avec SANDA, ce n’est pas la première fois que je peste cette année contre les imperfections qu’entraîne le simuldub, ou plutôt le doublage simultané ou quasi-simultané sur les conditions de travail et de réalisation de ces doublages que nous apprécions faire. Que ce soit sur Gundam GQuuuuuuX, la saison 2 de Solo Leveling, ainsi que la saison 4 de Rising of the Shield Hero pour citer des animés en simuldub que j’ai vu, j’ai pu constaté les mêmes imperfections, avec certains comédiens parfois mal choisis sur des personnages secondaires, des sous-jeux ou des phrases doublés un peu de manière automatique, ainsi que répliques mal spatialisés, où les comédiens parlent tout bas, alors que leur interlocuteur est plus loin dans la pièce, ou inversement. Ces petits défauts innocents trahissent pour moi un manque cruel de finition au niveau du doublage. En clair, il y avait quelque chose qui est passé entre les mailles du filet, un petit quelque chose qu’il fallait corrigé pour avoir un doublage de meilleure qualité, mais le directeur artistique n’a pas eu le temps de le faire, pressé par le délai de rendu de l’épisode trop strict, ou possiblement par un budget doublage restreint, sachant que le simuldub nécessite des frais supplémentaires par rapport à un doublage classique, étant donné la logistique et les moyens que cela implique.
Ce constat, que je ne suis pas le seul à partager manifestement pour en avoir discuter avec des voxophiles ou simplement des personnes intéressés par le doublage, me semble d’autant plus véridique que j’ai pu constaté également que d’autres VF d’animés produite cette année comme celle de Lupin III – L’Aventure Italienne ou Lazarus, qui semblent avoir été produites de manière plus traditionnelle, n’ont manifestement pas été touché par ces problèmes, sans être des doublages sans reproches pour autant, soyons d’accord. Alors j’aimerais vous partager ma petite réflexion à l’heure de Noël, à l’heure d’une nouvelle année qui s’apprête bientôt à commencer. Nous sommes beaucoup à demander des VF pour des séries, ou des films d’animation que nous attendons avec impatience, et dont on sait qu’ils arriveront un moment ou l’autre, je pense notamment à la saison 3 de Oshi no Ko, qui ne fera pas partie du line-up des simuldubs de Crunchyroll, la saison 2 de Call of The Night où ADN essaie, tant bien que mal, de calmer les hardeurs de certains qui continuent à la demander, à corps et à cri, ou encore le film L’étoile de Paris en Fleur où je ne démordrais pas que quelqu’un n’achète pas les droits du long-métrage pour le proposer dans nos salles de cinémas ou en streaming en français, ce qui me paraît inconcevable, même si ça n’arrivera pas forcément tout de suite.

Mais finalement, entre nous, de vous à moi, et si la meilleure chose à faire, c’était de rester patient et d’attendre que le doublage arrive ? De se dire que si c’est important d’avoir des nouvelles des plateformes pour savoir si notre animé chouchou de la saison aura certainement une VF, ou n’en n’aura sans doute jamais, ne vaut-il mieux pas que si le doublage arrive, qu’il ne se fasse pas tout de suite, pour que celui-ci se déroule dans les meilleures conditions possibles, quitte à ce que ça prenne du temps et que la version originale soit proposé dans un premier temps ? Après tout, en rongeant nos freins, non seulement on aura un doublage sans doute de meilleure qualité et fait dans de meilleurs conditions, mais en plus, cela nous permettra de regarder la liste d’animés doublés plateforme par plateforme, et de se regarder tranquillement des pépites de l’animation auxquelles on serait passé à côté, et qui ont déjà des VF. C’est l’expérience justement que je me suis fait cette année, avec la première série Dragon Quest : Dai no Daibouken, avec Anne et la Maison aux Pignons Verts après avoir vu la nouvelle série Anne Shirley, et que je risque de faire l’année prochaine avec la nouvelle série Yoroi Shin Den Samurai Troopers, après avoir vu Les Samouraïs de l’Eternel. Je ne vous garantis pas que vous allez voir des séries extraordinaires, ni même que vous verrez de bons doublages, mais croyez-moi qu’en regardant ne serais-ce qu’un peu derrière vous, vous trouverez tout un tas d’animés en VF dont vous n’aurez sans doute pas assez d’une vie pour tout regarder, soyez-en sûr !
C’était UniversJB. Joyeuses fêtes de fin d’année, et à 2026 pour de nouvelles aventures !
