Chroniques

Ranma ½, un doublage de la SOFI comme les autres ?

Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans ce nouvel article qui n’était pas mais alors absolument pas prévu ! En effet, en sortant de mon visionnage de la série dont il est question aujourd’hui, je m’attendais à réaliser un thread sur Twitter tout ce qui a de plus normal pour donner mon avis et mon ressenti personnel sur ce doublage. Puis, au final, au vu du nombre de caractères qui augmentaient, proportionnellement à ma fatigue qui s’installait à devoir revoir à chaque fois le nombre de caractères, mieux valait un article sur ce petit blog si je ne voulais pas rendre ma critique illisible (et publier cela dans 100 ans au passage). Alors voilà, aujourd’hui, tout de suite, maintenant, on va parler d’un doublage pas très très nouveau, d’une série pas très très connue, surtout pour ceux qui ne l’ont absolument pas vu à l’époque du Club Dorothée évidemment (ironie quand tu nous tiens), adapté d’une œuvre d’un mangaka dont la réputation n’est plus à refaire, Rumiko Takahashi. Aujourd’hui, comédie absurde, arts martiaux, harem (et harem inversé) ainsi que romance se conjuguent à l’écran, tout comme notre personnage principal avec son alter-égo féminin, aujourd’hui, on va parler de la VF de Ranma 1/2.

Fiche Technique :

ŒuvreManga
AuteurRumiko Takahashi
Nombres de tomes38 (Anciennes éditions) / 20 (Rééditions) – Parution terminé.
Éditeur Shōgakukan (Japon) / Glénat (France)
Publication du premier tome19 Août 1987 (Japon) / 16 Février 1994 (France)
AdaptationSérie d’animation
Réalisateur– Tomomitsu Mochizuki (Réalisateur en chef EP001 à EP018)
– Tsutomu Shibayama (EP001 à EP018 et EP025 à EP027)
– Kôji Sawai (EP019 à EP024 et EP028 à EP087)
– Junji Nishimura (EP088 à EP161)
Designeur des personnagesAtsuko Nakajima
Compositeur– Hideharu Mori
– Kenji Kawai
StudioStudio Deen
Comité de production– Fuji Television Network
– Kitty Films
– Shogakukan-Shueisha Productions
Première diffusion15 avril 1989 (Japon) / 9 septembre 1992 (France)
Distributeur françaisAB Productions (expiré), Déclic Images (expiré), Mediawan
Disponibilité– DVD (Déclic Images) : VOSTFR/VF non restauré
– TV/Replay augmenté : Mangas (VF restauré uniquement)
Version FrançaiseS.O.F.I
Studio d’enregistrement???
Direction artistiqueLuq Hamet
Comédiens principauxLuq Hamet : Ranma Vincent (garçon)
Barbara Tissier : Ranma Vincent (fille), Bambou, Amandine (2ème voix), Adeline (voix de remplacement: ép. 94 à 96)
Magali Barney : Adeline Galland 
Dorothée Jemma : Annabelle Galland, Géraldine, Frédérique, Grand-mère de Bambou, Amandine (voix principale)
Serge Bourrier : Genma Vincent, Maître Ernestin, Principal de l’école des Bleuets 
Vincent Ropion : Julian Storme,Aristide (voix principale), Mathias
Patrick Borg : Docteur Thibault, Roland, Mathurin

Avant-propos

  Mais avant de parler du doublage et des adaptations des textes, il nous faut nous remettre dans le contexte de l’époque et repréciser certains points connus des voxophiles confirmés, d’autant plus que certains comédiens de l’époque, comme Brigitte Lecordier et Eric Legrand notamment, l’ont déjà évoqué en long en large et en travers dans leurs différentes interviews. Et pour cela, retournons en 1992 après Jésus-Christ. Toutes les émissions jeunesses de Gaule était dominé par le seul, l’unique, le Club DorothéeDominés ? Non ! Depuis la loi Tasca voté 3 ans auparavant qui avait institué le CSA ainsi qu’une obligations de quotas de programmes français et européens, la part des animés japonais dans la programmation du Club Dorothée n’avait cessé de chuter progressivement, au profit des sitcoms produits par AB, qui ont fait le bonheur ou le malheur de ceux qui ont pu les regarder. Les dessins animés diffusées étaient généralement relégué le matin et étaient, surtout depuis 1991 et les sanctions concernant un épisode de Dragon Ball, particulièrement surveillées par des « psychologues » qui se chargeaient de donner la liste des coupes à effectuer, que ce soit avant ou après le doublage, en n’hésitant pas à imposer à AB Productions de refaire plusieurs fois les PAD (Prêt à diffuser) à chaque diffusion si nécessaire afin d’obtenir une série diffusable sans qu’un parent ne puisse se plaindre de cela.

  D’autre part, le principal pourvoyeur de doublage pour AB Productions, la SOciété de sonorisations de FIlms (S.O.F.I), croulaient sous la demande de plus en importantes en programmes, qui faisaient que les dessins-animés n’étaient absolument pas leur priorité, à quelques rares exceptions près bien sûr. Ainsi, les changements de voix sur des personnages durant des séries étaient assez courants contrairement à aujourd’hui et le recours au match voice (comprenez par là, le remplacement par un ou une comédien(ne) à la voix plus ou moins similaire) était particulièrement répandue sur certains doublages afin de permettre aux comédiens de doubler sur des programmes « plus importants ». Pour ce qui est des adaptations de dessins animés japonais, les ayants-droits fournissaient en général à AB, qui redonnait ensuite à la SOFI, des scripts des épisodes traduits sommairement en anglais. Les adaptateurs devaient donc à la fois traduire le texte qu’on leur a donné en français mais aussi le modifier pour le confier ensuite à des calligraphes qui s’occuperont de le retranscrire sur une bande rythmo en celluloïd, qui contenait les textes oralisé et synchronisé avec l’image, et ce, dans un délais très court, puisqu’il fallait absolument diffuser les épisodes au plus vite, les versions françaises étant produites en flux tendu pour nourrir le Club Dorothée.

  C’est donc dans ce contexte peu propice à un doublage de qualité qu’est doublé puis diffusé Ranma 1/2 à partir du mercredi 9 septembre 1992 sur TF1, en commençant naturellement par l’épisode 1, tandis que chaque semaine, un nouvel épisode accompagnait le jeune spectateur tous les mercredis, épisode plus ou moins écourté avant et après doublage en fonction des désidératas des psychologues d’AB et des besoins de la production du Club Dorothée pour tenir la durée convenu. La série sera également diffusée et rediffusée abondamment par la suite sur les chaînes TV du groupe AB, à savoir Mangas, TMC, AB1 et NT1 avant de recevoir une édition DVD VOSTFR only puis VO/VF chez Déclic Images, avec à priori le matériel VF le plus complet. Ce ne sera qu’en août 2022 que Mediawan, qui avait racheté AB, proposa une version française entièrement restauré sur le master HD japonais, qui fût diffusé à la fois sur la chaîne Mangas, mais aussi en replay augmenté chez les différents fournisseurs internets et plateformes OTT comme MyCanal ou Amazon Prime.

Mais comment on peut faire un doublage dans des conditions pareilles !!!

  Mais revenons à cette VF, que vaut-elle ? Eh bien, parlons-en, en évoquant, une à une, chaque partie du processus de doublage, à commencer par l’adaptation…

I. Une adaptation des textes en dents de scie

 La première chose qui choque plus ou moins le connaisseur en doublage quand on regarde la série, et surtout si on compare avec la version originale, c’est la différence de qualité d’adaptation sur les épisodes tout au long de la série. Et cela est dû à plusieurs paramètres, au premier rang desquels le nombres d’adaptateurs sur la série. Ils sont au moins six si ce n’est plus pour adapter les 166 épisodes de la série, à savoir notamment Emmanuelle Ogouz, Christine Fau, Marie-Annick Billaud, Laurence Salva, Jean-Yves Luley et Jean-Claude Iltis (les deux derniers se sont occupées surtout des premiers épisodes de la série, tandis que Salva est intervenu sur l’adaptation vers la fin).

  Quelles sont les conséquences de cela ? Déjà pour commencer, un problème évident de cohérence interne des adaptations. Si il y a bien eu, manifestement, une concertation partielle des adaptateurs au début de la série pour définir les prénoms français (je vais y revenir…) ainsi que sur d’autres éléments, très vite, on constate qu’au fil des épisodes que cette relative cohérence s’étiole avec des changements de noms de famille et d’attaques spéciales légers qui apparaissent dès l’épisode 10 mais qui empireront par la suite. En effet, vers les épisodes 30, les prénoms francisés sont également victimes d’erreurs, notamment dans les épisodes adaptés par Emmanuelle Ogouz où l’on retrouve le plus ce genre de problème (comme le prénom d’Aristide/Soun qui devient Anatole et ou la confusion régulière entre Anabelle/Kasumi et Amandine/Nabiki). Enfin, le summum est atteint à partir de l’épisode 100, où même les prénoms de certains personnages secondaires qui apparaissent peu se retrouvent changées d’un épisode à l’autre, dont notamment Boniface ou Alexandre qui deviennent respectivement Gédéon et Valentin sur quelques épisodes et ce, sans aucune explication. Ces erreurs ne sont que les conséquences, à mon avis, d’une absence de bible ainsi que de concertation entres adaptateurs tout au long de la série, et forcément, quand on double une série aussi longue que Ranma (161 épisodes), cet erreur finit par se payer au fil de la série, d’où ce résultat, typique du soin habituel de la SOFI et du manque de temps (et de motivations ?) des adaptateurs…

Cela étant, qu’en est-il des textes en eux-mêmes ? Eh bien à première vue, en regardant la série, on pourrait se dire que contrairement à d’autres séries animés comiques adaptés par la SOFI, notamment Lamu du même auteur que Ranma, les adaptateurs s’en sont plutôt bien sortis cette fois. En effet, la série reste assez plaisante à regarder en VF sur la plupart des épisodes, avec de très bonnes trouvailles d’adaptation de temps à autres, surtout sur le comique de gestes qui rendent parfois certaines situations encore plus drôle qu’en VO, pour notre plus grand plaisir. Cela étant, en regardant de plus près, on constate toujours quelques problèmes par-ci par-là, synonymes certainement d’un manque de temps, comme des épisodes à l’adaptation moins bonne, ou d’autres avec de temps en temps avec des différences notables avec la VO. La plupart de ses erreurs sont, certes, sans grande conséquences sur le visionnage mais certaines sont par contre particulièrement dérangeantes, et peuvent mettre à plat des blagues, je pense notamment au directeur de l’école des Bleuets/lycée Furinkan. En effet, ce dernier parle un accent anglais à couper le couteau en VO qui a été totalement gommé de la VF, ce qui fait perdre un ressort comique des épisodes dans lequel il apparaît, pour en faire un simple « antagoniste » un peu fou fou, ce qui est bien dommage.

Au contraire, l’épisode 110 est pour moi, l’un des mieux traduits de la série, et heureusement, tant l’épisode développe la relation entres nos deux protagonistes favoris.

Bref, l’adaptation de la série est globalement dans la moyenne haute de ce que faisait la SOFI à l’époque, c’est-à-dire une traduction relativement bonne la plupart du temps, qui fait même parfois honneur de temps à autre à la série grâce à quelques bonnes idées de traduction, mais qui pêche trop régulièrement, par des erreurs, des approximations, ou encore par le manque de cohérence interne et plus globalement de sérieux, ce qui est regrettable, bien que cela soit imputable en partie à la censure d’AB, sur laquelle nous reviendront plus loin.

II. Des comédiens impliquées ? 

  Mais avant de parler de cela, attaquons-nous maintenant à la question des différents comédiens qui ont participé à cette VF et de leur implication sur ce doublage. Et déjà, nous pouvons voir un problème typique des doublages de la SOFI, qui reste parfois présent dans certains doublages actuelles, le manque de comédiens.

  En effet, pour les personnages secondaires, on retrouve toujours les mêmes comédiens sur les archétypes de personnages, Vincent Ropion récupérant la plupart des personnages masculins un peu fou fou, tandis que Patrick Borg s’occupe de doubler les personnages masculins plus posés et réfléchis et enfin Serge Bourrier les personnages les plus âgés et les plus sages. Idem pour les personnages féminins avec Dorothée Jemma et Barbara Tissier qui doublent pas mal de rôles récurrents, mais heureusement pour elles, quelques comédiennes dont notamment Joëlle Guigui interviennent ponctuellement sur certains épisodes pour les aider. A noter enfin que si Magali Barney et Luq Hamet ne doublent que leurs personnages principaux, ils sont parfois mis à contribution sur les ambiances et les personnages très très secondaires, et ça ne pose pas de problème d’ailleurs sur ça, tant on ne les remarque que très peu.

  Ce point étant dit, parlons à une analyse de chaque comédiens un par un et commençons tout d’abord par Luq Hamet. Il est le directeur artistique de ce doublage et double également le personnage principal qu’est Ranma Vincent (Ranma Saotome en VO) dans sa forme de garçon. Il nous propose une assez bonne interprétation du personnage, s’éloignant parfois pas mal de l’interprétation de Kappei Yamaguchi en VO, mais sans totalement trahir le personnage qu’il interprète. Il cerne bien le côté désinvolte du personnage et il sait très bien s’en sortir pour interpréter les moments plus posés et plus complice avec Akané/Adeline, même si c’est parfois quitte ou double. Car souvent ça fonctionne très bien, notamment dans l’épisode 110, mais d’autre fois, comme sur l’épisode 79 où il surjoue beaucoup trop ses larmes, ça ne marche pas et ça rend la scène grotesque, ce qui n’était pas forcément l’intention recherché. A noter qu’il a aussi tendance, dans la seconde partie de la série, à surjouer les gémissements, mais ça reste assez léger et on s’y habitue vite, d’autant que c’est souvent assez bien placé. Mais qu’en est-il de Magali Barney sur Akané/Adeline ? Disons le tout net, c’est du très très bon. Elle a totalement compris le caractère du personnage et bon sang, qu’est ce que c’est plaisant de la voire jouer avec talent les nombreux moments de colère du personnages comme ses moments plus complices avec Ranma. Elle sait vraiment jouer sur tous les tableaux, et vu comment Akané/Adeline est un personnage complexe, tantôt bagarreuse et susceptible, tantôt tendre et pleine de compassion voire à l’occasion un peu taquine, c’est un sacré défi de jouer sur tous les registres du personnage sans se tromper, surtout avec le rythme de doublage effréné, et pour ça, je lui tire totalement mon chapeau. Dommage par contre qu’elle soit remplacé pas mal de fois au cours de la série, tout d’abord par Joëlle Guigui des épisodes 53 à 57 qui lui donne une voix assez insupportable, puis par Barbara Tissier et Virginie Ogouz respectivement sur les épisodes 94 à 96 et de 97 à 98 qui reste relativement dans les clous, mais bon, c’est la SOFI, que voulez-vous ?

  Pour ce qui est de Barbara Tissier, clairement, et je le dis, que ce soit sur Ranma fille comme sur Bambou/Shampoo, elle est vraiment excellente et je vais même jusqu’à dire que c’est la plus grande
réussite de ce doublage. En effet, non seulement elle double non pas un mais ses deux personnages importants, mais elle trouve le ton juste pour les deux lorsqu’elle les interprètent, tout en arrivant bien à les distinguer clairement l’un de l’autre. Pour Ranma fille, elle lui donne une voix assez aigu globalement, sans aller dans l’exagération totale non plus, mais cela ne dérange pas, bien au contraire. Pour Shampoo, au contraire, et notamment par rapport à Rei Sakuma en VO, elle choisie de donner au personnage une tessiture vocale plus grave, ce qui ne manquera pas de surprendre celui qui découvre la VF après avoir vu la VO ou inversement. Cela étant, sa prestation est très très bonne, elle appuie d’ailleurs beaucoup plus le côté séductrice du personnage, ce qui est une différence sans être une totale trahison de l’intention d’origine. Bref, du très très bon, validé avec double validation. A noter qu’elle est la meilleure remplaçante de Magali Barney sur Adeline à mon humble avis.

  Cela étant dis, passons maintenant à un comédien que j’apprécie toujours d’entendre, c’est Patrick Borg qui interprète dans la série beaucoup trop de personnages le rival de Ranma, Roland Mathieu (Ryōga Hibiki en VO), ainsi que le docteur Thibault (Docteur Tofu Ono) et Mathurin (Sasuke), le sbire de Julian Storm. Pour trois personnages radicalement différents, il trouve tout de suite les bons tons pour les personnages. Pour le docteur, il prend sa voix naturelle, rien de honteux, d’autant que son interprétation est sans faille, y compris dans les moments les plus fous de ce personnage, un bon point donc. Pour ce qui est de Roland, par contre, il rajeunit légèrement sa voix afin qu’elle puisse correspondre au personnage, ça se sent de temps à autre qu’il force un petit peu, mais dans l’ensemble, étant donné que le personnage a entre 16 et 17 ans, cela n’est pas particulièrement dérangeant, d’autant qu’on s’y habitue. Enfin, pour Mathurin, il prend une voix assez ridicule sur le personnage, que certains apprécieront et d’autres regretteront. Pour ma part, je reste bon public, et je trouve qu’elle correspond bien au personnage et son design, mais peut-être que certains préféreront le timbre de Shigeru Chiba en VO, chacun son avis sur la question après tout. A noter enfin qu’il se fait remplacer sur Roland de l’épisode 141 à 145 par Eric Legrand, qu’il le remplace relativement bien, même si son timbre de voix ne correspond pas trop au personnage pour le coup, sans compter cette impression d’entendre Seiyar parler dans la bouche de Rolland.

  Ayant évoqué les comédiens dont les prestations m’ont convaincu sur ce doublage, passons maintenant aux comédiens dont j’ai moyennement apprécié leurs prestations, avec tout d’abord Vincent Ropion, qui interprète Julian Storm, Aristide et Matthias. Contrairement à Patrick Borg qui m’a convaincu sur ces trois rôles, je suis plus perplexe dans le cas de Ropion. En effet, sa voix est très reconnaissable, et il joue deux personnages, Julian et Matthias, auquel il donne un timbre de voix similaire, si bien que ça s’entend dans les quelques passages où les deux personnages sont ensemble, où on a cette impression qu’il se parle à lui-même. Pour Aristide, par contre, ça va, dans le sens où comme c’est un personnage adulte (mais tout aussi stupide) et où il prend un timbre de voix plus grave qui le distingue un peu mieux, d’autant qu’il a compris son personnage. 

  Dans les autres comédiens qui m’ont moins convaincu, mais dont j’ai apprécié la prestation quand même, évoquons sans plus tarder Serge Bourrier, qui double le père de Ranma, Genma, ainsi que Maitre Ernestin, et, dans la seconde partie de série, le directeur de l’école des bleuets. Pas grand chose à dire sur lui, certes, il a un timbre de voix très reconnaissable, mais il différencie bien les deux personnages principaux qu’il interprète, en rajoutant un grain de malice au maître Ernestin, tandis qu’il appuie un peu plus le côté stupide et un poil autoritaire de Genma sauf dans ces interactions avec Aristide où on retrouve ce côté malicieux. Cela dit, je me dois aussi de vous parler de la comédienne qui, a mon grand regret, et malgré ses excellentes prestations, est la plus victime du manque de comédiens sur l’ensemble de la série, à savoir Dorothée Jemma. En effet, elle se retrouve a doublé le plus de personnages féminins récurrents de la série et là, ça pose vraiment problème dans les épisodes où ces derniers se retrouvent tous ensemble, d’autant qu’elle est dans l’obligation d’utilisé le même timbre de voix sur certains personnages, je pense notamment à Géraldine et Frédérique où on a vraiment du mal à les distinguer de temps à autre. D’ailleurs, on peut noter qu’elle modifie sa tonalité dans ses épisodes sur certains personnages afin de les distinguer entres eux, mais à mon sens, ça ne fonctionne pas, pas du tout, et ça a pu vraiment par moment me sortir du visionnage.

A noter que les derniers épisodes de la série ont le luxe d’avoir une adaptation plus soigné, ainsi que Francine Lainé en comédienne supplémentaire, permettant d’améliorer légèrement l’ensemble.

Voilà donc pour la question des comédiens de la série. Dans l’ensemble, si la plupart des comédiens s’en sortent très bien, notamment les principaux, malheureusement, leurs nombres très limitées se fait parfois beaucoup sentir que ce soient sur les ambiances ou sur les personnages secondaires voire récurrents, surtout quand on est habitué à la large palettes de comédiens dans des doublages plus récents, même si ce n’est pas toujours parfait, bien sûr. Je ne peux pas oublier non plus les nombreux remplacements de comédiens, qui certes, sont minimes sur 161 épisodes, mais rendent le visionnage très désagréable à mon sens. Sinon, comme je le disais auparavant, la censure et l’adaptation parfois pas toujours au rendez-vous n’aide pas non plus les comédiens à s’en sortir.

III. Censures et francisations, une pratique contestable ?

  Justement, puisqu’on en parle, parlons de la censure. En effet, comme Dragon Ball Z durant l’arc Namek à la même époque, la série a été victime de censures assez importantes, touchant différentes scènes et pour différentes raisons, même si il faut nuancer ce constat. En effet, une grande partie des censures réalisés sur la série ont été faites après doublage, ce qui a permis à ces séquences d’être présentes malgré tout dans les DVD avec les voix françaises. Cela étant, cette série a eu la malchance de tomber dans la période où AB effectuait aussi de la censure avant doublage, c’est de celle-ci dont je vais parler d’une part, car elle est plutôt intéressante à traiter, et d’autre part, car n’ayant pas d’enregistrements TV de TF1, je ne peux pas m’amuser à parler de la censure après doublage, d’autant qu’elle n’est plus vraiment d’actualité, les DVD, la restauration HD de Mediawan et les repacks illégaux utilisant majoritairement la VF la plus complète disponible.

  Enfin bref, ce que l’on remarque, c’est que les épisodes sont souvent censurées avant doublage par vague, c’est à dire que il y a des périodes où le doublage n’est quasiment pas censurés, ou alors très peu, et d’autres où, au contraire, la censure monte d’un cran, quitte parfois à charcuter l’épisode entier dans sa version française. Pour Ranma, c’est le cas, et voici d’ailleurs ce que j’ai pu constaté au fil des épisodes. Globalement, à l’exception de l’épisode 1, la série n’est pas censuré et les dialogues préservés jusqu’à l’épisode 40. Cependant, à partir de ce dernier, et jusqu’à l’épisode 80, la censure devient soudainement assez récurrente, tout comme l’édulcoration des dialogues qui se fait souvent n’importe comment, quitte à n’avoir parfois aucun sens, mention spéciale d’ailleurs à l’épisode 45 qui n’a plus rien à voir entre la VO et la VF sans doute en raison de cet édulcoration. Toutefois, on peut noter qu’à partir de l’épisode 80, les coupures disparaissent, jusqu’à devenir quasi-inexistante, tandis que l’adaptation des dialogues reste édulcoré, de manière cependant plus intelligente qu’auparavant (coucou les fameux mouchoirs de la collection d’Ernestin). Enfin, de l’épisode 140 jusqu’au 153, la censure revient, plus discrètement, sans trop qu’on sache pourquoi, pour disparaître définitivement jusqu’à la fin de la série. 

  En clair, la censure d’avant doublage de Ranma 1/2 peut être définie comme particulièrement arbitraire, et si il y a des séquences censurées récurrentes (les soutiens-gorges notamment, surtout si ils sont récupérés par Maître Ernestin), des fois, on laisse passer ça sans trop qu’on sache pourquoi, voire même sans aucune édulcoration des dialogues. La seule explication à cela serait de possibles retours des épisodes diffusés à la TV auparavant qui font que AB a fluctué le degré de censures des épisodes en fonction, mais aujourd’hui, je suis davantage convaincu que ces vagues pourraient coïncider avec la succession des psychologues ayant regardé le programme pour AB, certains ayant sans doute été plus laxiste que d’autres.

L’épisode 40 est celui qui a le plus souffert de la censure de toute la série, sur les 24 min, 8 ont été coupés dans la version française, dont un passage au début qui n’avait rien de problématique…

Pour la francisation des dialogues, c’est également une autre étrangeté. En effet, encore une fois, Dragon Ball Z n’en a quasiment pas eu, tout comme Les Chevaliers du Zodiaque auparavant, alors que c’était diffusé en même temps dans le Club Dorothée, alors pourquoi les adaptateurs se sont dis qu’il fallait impérativement le faire sur cette série plutôt qu’une autre ? Mystère aussi, bien qu’on puisse supposer que cela vienne des habitudes des traducteurs adaptateurs de la série qui avaient déjà l’habitude de franciser les noms des personnages sur lesquels il ou elles travaillaient auparavant, ce qu’ils n’ont pas juger nécessaire de faire dans Saint Seiya ou Dragon Ball peut-être en raison d’un univers moins ancré dans la réalité…

Conclusion :

Soyons clair, la VF de Ranma n’est pas catastrophique, comme on aurait pu le penser venant de la SOFI à première vue. L’adaptation est dans le haut du panier de ce que l’entreprise réservait en général à ces « cartoons japagouins » comme le dirait certains. En regardant ce doublage, il m’arrive parfois de sourire ou d’être mort de rire grâce à des comédiens impliqués malgré leurs faibles nombres et ce, grâce à de bons choix d’adaptations. Cela étant, on ne peut pas passer outre certains épisodes où les maladresses de toutes parts, qu’elles viennent des comédiens, de l’adaptation ou d’ailleurs, ainsi que les censures et les édulcorations de dialogues, sont très visibles et nuisent au visionnage. Ainsi, si la VF est relativement bonne à mon avis, elle n’est pas forcément recommandable si vous voudriez l’expérience de visionnage la plus fidèle au matériel original ou que vous n’appréciez pas trop les doublages d’époque. Cependant, si vous passez outre ces deux points précédents, vous pouvez tout à fait l’essayer et l’apprécier malgré tout, comme ce fus le cas pour moi, d’autant qu’à mon sens, cette VF est un cas d’école de ce qu’il faut faire mais aussi de ce qu’il ne faut pas faire en matière de doublage d’animés en français. 

Dommage que les OAV n’ont jamais été doublés par Kazé à l’époque. Bizarrement, les 2 premiers films chez AB l’ont été, 2 années après la série, mais ces doublages ne sont disponible que sur les VHS.

Sur ce, je vous remercie d’avoir lu cet article qui sent bon la nostalgie, alors que je n’étais même pas né et/ou intéressé par les animés lors de ces diffusions dans les années 90/2000. En tout cas, on se retrouve très vite ici, je l’espère, pour un nouvel article sur ce blog, et vous dis bonne journée ou bonne soirée, tout dépend de l’heure où vous lisez ce torchon travail de qualité, et à la prochaine !!!

 *Pour certains épisodes, notamment dans la dernière partie de la série, personne n’a réussi à retrouver qui pouvait être les adaptateurs, est-ce Emmanuelle Ogouz, Christine Fau ou Marie-Annick Billaud, sachant qu’elles sont celles qui ont adaptés le plus d’épisodes ? Le mystère reste entier…

N.d.A (Mai 2025) : Suite à la republication de cet article sur mon nouveau site internet, de nombreux réajustements ont été fait pour corriger certaines erreurs qui s’étaient glissé dans mon article, mais aussi pour prendre en compte notamment les derniers développements autour de cette série animée, aujourd’hui rediffusée régulièrement sur Mangas dans une version restaurée, ce qui n’était pas encore le cas au moment où j’écrivais ces lignes. L’ancienne version de mon article est encore disponible ici, si vous le souhaitez.

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