Chroniques

Signé Cat’s Eyes, ou quand certaines VF d’époque sont excellentes.

Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans le retour tant attendu de mes critiques unitaires de doublages, après quelques rétrospectives d’animés qui furent assez épuisantes à écrire, il faut le reconnaître. Aujourd’hui, on va rester dans le cercle des otakus, mais en visant un peu plus le grand public qu’à l’habitude, avec, encore une fois, une vieille série animée très bien connue chez nous. Après avoir notamment parlé de la VF de Ranma 1/2, et avoir noté qu’il s’agissait d’une VF assez moyenne typique de son époque, je me suis interrogé sur la question de ce que « typique de son époque » impliquait. Car oui, par rapport à quels doublages produits durant la même période peut-on dire que celui de Ranma est typique ? Par rapport aux doublages de la SOFI ? Ou alors par rapport aux doublages produits par AB Productions ? Sauf qu’en faisant ça, j’oubliais un point important, à savoir qu’AB n’était pas la seule entreprise à distribuer des animé dans les années 80-90, et que tous les doublages de séries d’animation japonaise n’étaient pas doublés à la SOFI durant cette période, y compris chez AB qui pouvait faire appel occasionnellement à d’autres studios de doublage, comme par exemple la S.O.F.R.E.C.I sur les 26 épisodes doublés à l’époque de Ashita no Joe 2. De ce fait, de par mon précédent manquement, et aussi par curiosité, je voulais trouver un contre-exemple idéal, un doublage d’animé ancien qui ne remplirait pas les conditions dites plus tôt, et quoi de mieux à ce niveau que la VF de la série animée Cat’s Eye. Après tout, ce n’est pas distribué par AB, ce n’est pas doublé à la SOFI, ça semble respirer la qualité d’après les quelques avis que j’ai pu entendre à droite et à gauche, alors ça doit mériter d’y jeter un coup d’oreille, non ? Alors aujourd’hui, rendez-vous avec les sœurs Chamade dans leur quête pour retrouver les peintures de leurs pères, et dans notre cas pour savoir si Signé Cat’s Eyes est une VF excellente qui prouve qu’il était possible, dans une certaine mesure, de faire de bons doublage d’animés japonais dans les années 80-90.

FICHE TECHNIQUE

Œuvre Tsukasa Hojo
AuteurAvril 1982 (Japon)/Septembre 1998 (France)
Première Publication14 septembre 1981 (Japon) / 24 Septembre 1998 (France)
Éditeur (JP) Shueisha / (FR) Tonkam (Expiré) et Panini
Nombres de tomes10 (Premières éditions) / 15 (Rééditions) — Parution terminée.
Adaptation Série d’animation
Réalisateur – Yoshio Takeuchi (saison 1)
– Kenji Kodama (saison 2)
Conception des personnages– Akio Sugino (saison 1)
– Satoshi Hirayama (Saison 2)
CompositeurKazuo Otani
StudioTokyo Movie Shinsha
Comité de production– Shueisha
– Tokyo Movie Shinsha
Distributeur FrançaisIDDH (Expiré) – AB Productions (Expiré) – IDP (Expiré) – Alltheanime 
DisponibilitéDVD/Bluray, diffusion TV (TFX) et SVOD (ADN, MyTF1)
Version FrançaiseDOVIDIS (Doublage Original)
S.O.F.I (Redoublage EP15 et EP31)
Studio d’enregistrement– Auditorium de Dovidis, Paris (Doublage Original)
– ??? (Redoublage EP15 et EP31)
Date d’enregistrement– 1986 (Doublage d’origine)
– Septembre-Octobre 1996 (Redoublage EP15 et EP31)
Directeur artistiqueFrédéric Girard
Adaptateurs– Marie-Hélène Bour et ??? (Doublage d’origine)
– Vincent Szczepanski (Redoublage EP15 et EP31)
Comédiens principauxMarie-Laure Dougnac
Tamara « Tam » Chamade (Hitomi Kisugi en VO)
Pierre Laurent
Quentin Chapuis (Toshio Utsumi)
Geneviève Taillade
Sylia Chamade (Rui Kisugi), Odile Assaya (Mitsuko Asatani), rôles féminins diverses
Annabelle Roux
Alexia « Alex » Chamade (Ai Kisugi)
Laurent Hilling  
Commissaire Bruno (le chef), Monsieur Durieux (Sadatsugu Nagaishi)
Rolande Forest
Odile Assaya (Pour sa première apparition à l’épisode 5)

Disponibilité de la VF : Tous supports confondus. Le doublage original des épisodes 15 et 31 n’est cependant pas disponible ni en support physique, ni sur les dernières diffusions TV et SVOD, qui ne propose que le redoublage de 1996 pour ces épisodes. Cela dit, à l’époque de l’exploitation des droits TV par AB Groupe puis Mediawan, certaines diffusions sur Teva et sur la chaîne Mangas (y compris la mise à disposition temporaire des épisodes sur la chaîne YouTube) proposaient le doublage d’origine de ces épisodes.

Avant-propos

Pour comprendre dans quoi la VF de Cat’s Eye s’inscrit et comment celle-ci, ainsi que la série elle-même, ont pu marquer bon nombre de spectateurs, il nous faut remonter au beau milieu des années 80. À ce moment-là, l’animation japonaise occupe déjà une petite place sur la petite lucarne, dans les émissions jeunesse. En effet, depuis 1978, et le succès d’audience colossale de Récré A2 sur Antenne 2, avec Goldorak, Albator (la série de 1978) et Candy, les animés se sont fait une place à la télévision en devenant le rendez-vous des petits et grands spectateurs, pour un coût d’achat assez faible. Les trois chaînes concurrentes décidèrent de jouer le jeu également face à Antenne 2, TF1 achetant quelques séries, mais avec prudence, en reprenant des versions américaines remontées de séries japonaises, comme La Bataille des Planètes (Gatchaman), ou encore Rémi sans Famille, tandis que Canal+ programma, dans son émission jeunesse Cabou-Cadin, Cobra, Sherlock Holmes, Les Quatres Filles du Docteur March ou encore l’Île au Trésor. Cependant, de son côté, FR3 (future France 3) était dans une situation pas très confortable. Bien qu’elle achetait différentes séries animées plus ou moins françaises comme Ulysse 31 (Série DIC coproduite avec TMS) ou la série « il était une fois » (qui était animé en partie chez les studios japonais Tatsunoko, mais c’est un autre sujet) sous le label FR3 « Jeunesse », en plus de quelques séries animées japonaises comme Bouba ou L’Oiseau Bleu, elle avait du mal à faire fasse au rouleau compresseur qu’était devenu l’émission Récré A2. Cette situation s’aggrava à partir de 1984-1985, avec l’arrivée de Canal+, mais surtout celle de la Cinq, qui débarquait avec tout le catalogue de séries d’animation de Fininvest dans son émission « Youpi, l’école est finie ». Ainsi, pour faire face à cette concurrence nouvelle des chaines privées, FR3 s’intéressa au créneau du dimanche après-midi en le confiant à une seule société chargée de produire une émission incluant des dessins animés à l’intérieur de celle-ci, et cette entreprise, c’était IDDH

    Pour ceux qui n’ont pas vu la rétrospective des VF de Lupin III, International Droits et Divers Holding (I.D.D.H), c’était le distributeur auprès duquel FR3 avait acheté quelques années auparavant les droits de diffusion de la seconde série Lupin III, rebaptisé Edgar, Le Détective Cambrioleur, ainsi que Bouba et L’Oiseau Bleu dont on a parlé plus tôt, ou encore Démétan. Ainsi, suite au contrat conclu avec FR3 pour la case du dimanche après-midi, une grande partie de leur catalogue de dessins animés se retrouva diffusé dans cette nouvelle émission, baptisé Amuse 3, et ce, avec quelques séries inédites, dont justement Cat’s Eye. D’ailleurs, à propos de la première diffusion débutée en septembre 1986, et qui avait lieu à 18H55, juste après la coupure du à la diffusion du journal de l’outre-mer RFO Hebdo, nous pouvons noter que le générique français de début et de fin différait sur la première fournée d’épisodes, avec l’utilisation respectivement de l’opening et de l’ending japonais de la 2de saison, aux images assez osées (bien qu’assombri volontairement par le distributeur français). Par la suite, lors de 1re diffusion de la saison 2, un autre générique de début et de fin, plus court et constitué de montages divers des épisodes, fut créé, certainement afin d’éviter des problèmes vis-à-vis des parents et des responsables de la chaine. Quoi qu’il en soit, la série reçut un très bon accueil des téléspectateurs, si bien qu’elle fut rediffusée en 1988, 1989 et 1991, toujours dans Amuse 3. Cependant, en septembre 1991, l’émission s’arrête, et les droits de Cat’s Eye et de sa VF retournent entre les mains de TMS. Cependant, en 1993, AB rachète les droits de diffusion et les conservent bien à l’abri, jusqu’à la nouvelle diffusion sur FR3 devenue entretemps France 3, cette fois-ci dans les Minikeums, en 1997. C’est à cette occasion qu’un redoublage fut effectué par AB pour les épisodes 15 et 31, à la S.O.F.I, avec une grande partie du casting d’origine, car TMS avait sois-disant perdue leurs copies du doublage de ces épisodes. Cela se révéla à posteriori être une erreur de leur part, étant donné que Dynamic Visions pu sortir ces épisodes sur VHS avec leur doublage d’origine. On peut aussi noter qu’un nouveau générique, toujours avec la chanson française, mais avec un montage différent, fut crée pour cette rediffusion. C’est celui qui est utilisé encore aujourd’hui dans les diffusions TV récentes (bien qu’il ait été refait avec le master HD).

Quand Tam se rend compte qu’il va falloir redoubler des épisodes !!!

Cela étant, suite à la diffusion France 3 de 1996, la série fut également diffusée sur France 2, dans DK.TV, puis sur TMC, dans Récré Kids, sur la chaîne Mangas, ou encore sur France 5 en 2004, dans Midi les Zouzous (avec quelques coupes sur certains épisodes, tout comme pour Lady Oscar aussi diffusé sur la chaîne). Entre temps, la série avait eu aussi droit à quelques éditions vidéos, quelques épisodes en VHS à l’époque de la diffusion chez Billy Clap Vidéo, Canal Junior ou encore Fil à film, une intégrale VHS en 2000, chez Dynamic Visions, puis une intégrale DVD en 2003 chez IDP, accompagnée d’une édition « collector » parue en 2006. Ce n’est qu’en 2014 que Alltheanime proposa la série Bluray avec le très bon remaster HD japonais produit par TMS, mais avec une VF non restaurée, et uniquement le redoublage pour les épisodes concernés. De leur côté, et ce, jusqu’à l’expiration des droits de diffusion en 2018, AB a proposé également ce master HD à la télévision et en SVOD avec une version française restaurée par leurs soins, et le doublage d’origine pour les épisodes 15 et 31. On ne peut d’ailleurs que regretter aujourd’hui que sur ADN, ainsi que sur TFX, la série soit proposé tel qu’elle est sur les Blu-ray, VF comprise.

Tout cela pour dire que si Cat’s Eye, et sa version doublée « Signé Cat’s Eyes » est devenu une série culte, c’est de par ses nombreuses rediffusions, en support physique, à la télévision et ces dernières années en SVOD qui l’ont fait connaître à un public de petits enfants devenus grands, en lui permettant de traverser les décennies. Mais me direz-vous, est-ce que la VF de cette série est à la hauteur de la réputation ? Eh bien voyons cela de suite…

Une adaptation excellente pour l’époque

    S’il y a bien un point fort souvent souligné par les plus grands amateurs du doublage de cette série, ce sont bel et bien ces dialogues. Et à ce jeu-là, difficile de ne pas dithyrambique, à la fois en raison de la qualité des textes, et des dialogues très vivants qui s’en dégage. En effet, la VF de Cat’s Eye n’est pas édulcorée comme pouvais l’être occasionnellement bien des VF de cette époque-là. Bien au contraire, puisqu’on peut remarquer au visionnage, que ce soit pour la première comme la seconde saison, l’utilisation de pas mal de mots d’argot, qu’on n’entend pas d’habitude sur des doublages, voire quelques vulgarités qui sont placées assez finement dans l’adaptation. En entendant cela au départ, j’avais un peu peur que cela soit gratuit et mal placé, mais heureusement, ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas face au doublage des téléfilms de Futurama où n’importe quelle insulte est rajoutée n’importe comment sans grande cohérence par des adaptateurs en manque de temps. Ici, Marie-Hélène Bour, mais aussi d’autres adaptateurs dont nous ne connaissons hélas pas les noms, ont finement choisi les moments où ils pouvaient se le permettre. Que Alex parle de temps à autre en verlan voire avec de l’argot ? C’est tout à fait normal, elle est la cadette de la fratrie, on peut supposer qu’elle a l’habitude de parler ainsi, notamment avec ses copains au lycée, au contraire de ses 2 sœurs qui parlent un langage plus normalisé, à raison. Idem pour les méchants qui se succèdent tout au long de la série, qui parlent de manière assez familière, voire carrément insultante, mais sans que cela ne soit mal placé, puisque ce sont… des méchants justement. Quant aux policiers, notamment les dialogues tournant autour de Quentin et de Bruno, les piques que les deux se font réciproquement à chaque épisode, plus ou moins accompagné par l’intervention d’Odile, sont particulièrement bien trouvés à chaque fois, bien aidée par le jeu des comédiens qui se donnent à 100 % lors de ses scènes (nous y reviendrons). Bref, vu sous ce jour, et en rajoutant le fait qu’on ne retrouve aucun souci d’incohérence interne entre les épisodes, on pourrait se dire que l’adaptation des dialogues de la VF de Cat’s Eye est parfaite.

    Cela étant, quand on creuse d’un peu plus près, on peut noter cela dit un petit défaut mineur de l’adaptation qui vient un peu noircir le tableau de ce doublage, sans remettre en cause sa qualité évidente. Ce n’est pas tant la francisation et la localisation des noms, prénoms et de certains termes qui pose problème, mais plutôt qu’elle a parfois été faite à mon sens un peu maladroite. En effet, si la VF de la série assume que toute l’action se passe au Japon (sauf au début de l’épisode 1 de la saison 2 où les sœurs Chamade sont à Paris en VO, et où la VF suit logiquemeent ce choix) et que le scénario de la série peut justifier éventuellement les noms francisés des sœurs, on peut se poser la question cependant des autres noms francisés, mais aussi du commissariat où travaille Quentin, qui ait considéré, en VF, comme faisant partie de la BRB (Brigade de répression du banditisme). Le choix de citer le nom de cette institution n’est pas bête en soi dans la mesure où ça parle clairement au spectateur français qui regarde la série, mais tout cela, ainsi que les francisations, créent en contrepartie un décalage de perception pour les spectateurs français d’aujourd’hui qui peut voir la version intégrale de la série et qui ne sait pas sur quel pied danser. Pour vous donner une idée, imaginez l’adaptation d’une série animée japonaise « façon Ace Attorney », mais en inversé, où la version française dit que l’action se passe au Japon, où l’on peut voir à l’image énormément de textes japonais en kanji et/ou romaji, mais où vous vous retrouvez en regardant la VF à entendre 3/4 des termes spécifiques typiquement français qui vous font vous demander si l’action se passe bien au Japon. C’est un peu cavalier dit comme ça, mais ça correspond bien au doublage de Cat’s Eye. Ce n’est certainement pas un choix simple qui a dû être fait par le ou les adaptateurs, et à l’évidence, entre utiliser des termes japonais qui aurait fait décrocher les spectateurs du visionnage, et franciser voire flouter certains éléments pour mieux parler au public, quitte à troubler partiellement la cohérence de l’univers, ces derniers ont fait le second choix, de leur plein gré, ou par décision du distributeur, IDDH. En tout cas, c’est un cas intéressant de traduction qui peut-être éventuellement considéré comme un défaut de cohérence de la version française, mais qui est paradoxalement un choix qui partait d’une bonne intention, sachant que le problème était sans doute difficile à corriger autrement.

L’épisode 17 est l’un des épisodes les mieux adaptés à mon humble avis…

Disons-le de suite, l’adaptation de la série mérite les louanges qui lui ont été faites. La qualité et la volonté de bien faire se ressent au visionnage, en dépit d’un petit défaut qui saura se faire pardonner par la plupart des personnes, puisqu’il participe à la compréhension de l’œuvre pour les néophytes. Cela dit, il y a un second point d’adaptation que je me réserve toujours le soin de développer plus tard, à savoir l’adaptation des deux épisodes redoublés, qui sont les seules disponibles dans le commerce comme dit plus tôt. Mais avant d’en arriver là, j’aimerais traiter un petit peu de la direction artistique et des comédiens, car l’air de rien, il y a énormément de choses à dire à ce niveau qui peuvent expliquer le succès de cette version française.

Des comédiens indéniablement talentueux et impliqués

    Alors alors-y, parlons peu, mais parlons bien de cette direction artistique ! Frédéric Girard, pour sa toute première direction artistique d’une série animée étrangère (il dirigeait en même temps la création de voix sur la série animée française Moi Renart pour IDDH également), s’est particulièrement bien débrouillé. En effet, non seulement il suit l’adaptation des textes sans aucun problème, mais il prend particulièrement au sérieux ce doublage, en choisissant d’excellents comédiens placés sur les rôles qui leurs correspond très bien, le tout, en les dirigeant très bien la quasi-totalité du temps, à l’exception peut-être de l’épisode 1 où on sent que les comédiens ont un peu de mal à prendre ses marques, ce qui se ressent par le jeu des différents comédiens qui sont en demi-teinte et pas toujours aussi énergiques que ce que l’on aura par la suite. Cela dit, dès l’épisode 2, tous les comédiens sont à l’aise dans leur rôle, et ce, jusqu’à la fin de la série. Dire qu’il aurait fait du mauvais travail serait mensonger, il a très bien compris la manière dont il fallait doubler cette série, et a su s’entourer de très bons comédiens pour cela.

    Justement, parlons-en de ces comédiens, en commençant par le trio des sœurs Chamade, Tam, Alex et Sylia, doublé respectivement par Marie-Laure Dougnac, Annabelle Roux et Geneviève Taillade. Il y a pas mal de choses à dire, d’autant plus que ces comédiennes jouent plusieurs rôles tertiaires sur certains épisodes. Parlons tout d’abord de Marie-Laure Dougnac sur Tam. Clairement, elle a le timbre de voix qui correspond parfaitement au personnage. Elle arrive à naviguer parfaitement entre les scènes d’interactions avec ses sœurs, les scènes de cambriolage ainsi que les moments plus intimistes, et souvent assez burlesques, avec Quentin, son fiancé, qui fait partie de la police et qui a juré de demander la main de Tam le jour où il arrêtera Cat’s Eye. En ce qui concerne ses rôles secondaires, nous pouvons noter son interprétation du personnage de Poupette, dans l’épisode 22, qui est une enfant, et où elle prend le timbre de voix qu’elle donnait notamment à Jim Hawkins dans l’adaptation animée de l’Île au Trésor. Elle utilise d’ailleurs ce même timbre de voix, ou bien sa voix naturelle également, pour quelques ambiances de temps à autre tout au long de la série. Bref, elle a fait de l’excellent travail et c’est toujours plaisant de l’entendre, même par-ci par-là en ambiances. Il en va de même d’ailleurs pour Annabelle Roux sur Alex, qui nous propose une excellente interprétation tout au long de la série, du moins dans le doublage d’origine. Elle a très bien compris le personnage et sait très bien interpréter le côté malicieux et très intelligent du personnage, tout en sachant très bien jouer lors des interactions avec ces sœurs où Alex fait figure de « garçon manqué » du trio. En ce qui concerne Genevièvre Taillade sur Sylia, cela dit, je ne serais pas aussi positif bien que cela reste tout à fait honorable. Ce n’est pas tant au niveau de son interprétation de Sylia et d’Odile que j’ai quelque chose à lui reprocher, après tout elle est excellente et arrive à donner deux timbres de voix assez différents pour qu’on puisse bien les distinguer. Non, j’ai plutôt des soucis davantage en ce qui concerne ses rôles féminins tertiaires, tout au long de la série, où elle est régulièrement surutilisé, bien qu’elle arrive la plupart du temps à s’en sortir en maquillant bien sa voix. Pour le coup, elle est sans doute la victime du budget limité au niveau des comédiens, et on ne peut donc pas vraiment lui en vouloir, surtout que le recyclage est relativement limité contrairement à d’autres doublages de l’époque. Dans les faits, si vous regardez la série tranquillement ou même juste un épisode en zappant, ce ne sera qu’assez peu gênant puisqu’elle ne double pas plus de deux voire exceptionnellement trois personnages sur le même épisode. Ce constat un tout petit peu mitigé pour Geneviève, qui ne remet absolument pas en cause sa prestation, je n’ai pas grand-chose à dire concernant les comédiennes tout au long de la série, si ce n’est qu’elles arrivent systématiquement à proposer de très bonnes interprétations sur leurs personnages, sans que cela ne fasse tache.

    Cela étant, au-delà du trio de voleuse, il nous faut voir également le cas des policiers de la BRB, mais aussi de Monsieur Durieux, et à ce niveau, une fois de plus, le doublage nous propose d’excellentes interprétations des comédiens, je pense surtout à Pierre Laurent sur l’inspecteur Quentin Chapuis*. C’est pour moi l’énorme point fort de ce doublage. Il est tout simplement génial sur le rôle, et il maîtrise tout ses aspects, que ce soit son côté un peu bête et limité de temps à autre, tout comme le sérieux qu’il a dans sa relation avec Tam, mais aussi dans l’exercice de sa mission de policier. On adore le suivre dans ses péripéties pour arrêter Cat’s Eye, notamment vers la fin de la saison 1 où il devient particulièrement rusé et commence petit à petit à comprendre les raisons des cambriolages du trio de voleuses, ce qui se traduit justement par un jeu plus posé de Pierre Laurent. Je me répète, mais il est génial, tout simplement. Tout comme Laurent Hilling d’ailleurs dans une certaine mesure. Ce dernier a droit à deux rôles assez différents, à savoir celui du Commissaire Bruno est-ce que ce nom francisé serait une référence à Bruno René Huchez ? Je vous laisse le soin de théoriser là-dessus notamment par rapport à la fun fact sur Quentin, mais aussi le rôle de Monsieur Durieux, confident et complice des sœurs Chamade. Comme Geneviève Taliade, il sait très bien distinguer ses deux personnages, en accentuant le côté posé de Monsieur Durieux, et en donnant une voix plus nasillarde au commissaire, ce qui est bien aidé par les caractères diamétralement opposés des deux personnages. Bref, il arrive à être plus ou moins méconnaissable durant l’ensemble de la série, tout en nous offrant pour les deux une excellente prestation, notamment sur le commissaire Bruno où on sent qu’il s’amuse beaucoup sur le rôle, notamment dans les scènes de disputes avec l’inspecteur Quentin où il se donne à 100 % pour notre plus grand plaisir. Bref, de l’excellent également.

Je vous ait dit que l’épisode 35 est vraiment un de mes épisodes préférés avec Pierre Laurent ? Bah je vous le dit !

Enfin pour ce qui est des rôles secondaires, il n’y a pas grand-chose à dire dessus, les comédiens masculins comme féminins, bien que récurrents, sont très bon chacun de leur rôle. A peine pourra-t-on peut-être critiquer certaines imitations d’accents exotiques tantôt assez discutables, mais parfois pertinentes, qui vienne que nous rappeler que nous sommes face à un doublage des années 80 et qu’à cette époque, cela ne posait absolument pas problème, contrairement à aujourd’hui où le français est souvent lissé lors des doublages, à l’exception de quelques séries emblématiques comme South Park. Autre soucis, qui n’est pas tant lié aux comédiens, mais qui méritait d’être souligné, c’est le placement très discutable, dans la bande son de la VF, du générique pendant 10s-20s et qui se coupe quasi systématiquement d’un coup sans raison. S’il s’agit certainement d’une manœuvre mercantile pour promouvoir la sortie du générique en vinyle chez Canal Junior et récolter éventuellement des royalties sur la diffusion à travers la S.A.C.E.M, elle peut paraître assez discutable dans la mesure où elle gâche le visionnage en raison de son placement parfois incongru, souvent quand un rebondissement se produit dans l’épisode.

Ce petit point achevé, nous pouvons dire que les comédiens sont sans aucun doute l’autre point fort du doublage de la série. L’adaptation a certainement pu y contribuer, mais il y a sans aucun doute eu une bonne intelligence de la direction artistique, ainsi que des comédiens talentueux et professionnels qui ont su faire les bons choix afin de permettre à ce doublage d’être aussi bien. Cela dit, est-ce que cela a aussi été le cas lors du redoublage des épisodes 15 et 31 en 1996 ? Je crains malheureusement que non. 

Un redoublage partiel et au combien controversé

    Il fallait bien que j’en parle à un moment ou un autre de mon analyse de ce redoublage, présents sur toutes les éditions vidéos actuelles, tant il a fait débat parmi les connaisseurs, d’autant qu’un mot le résume assez bien : FADE

    Cela dit, on ne peut que saluer l’effort d’AB et de la S.O.F.I à l’époque d’avoir rappelé une grande partie du casting d’origine. Mais malgré ces efforts indéniables, la sauce ne prend à aucun moment, y compris sur moi. Alors pourquoi certains spectateurs demandent encore aujourd’hui le retour du doublage d’origine plutôt que ce redoublage. Pourquoi cette réaction de ma part, mais aussi de beaucoup d’autres ? Voyons-le dès à présent !

    Le premier point qui chagrine sur ce redoublage, c’est incontestablement l’adaptation. Loin de moi l’envie de dire du mal du travail de Vincent Szczepanski, qui est au final assez correct quand on y réfléchit. Sauf que voilà, son adaptation des dialogues est assez plate pour rester poli. On ne retrouve pas les petits coups de génie qu’avaient les textes des dialoguistes de Dovidis à l’époque, et qui rendait ce doublage si appréciable. De plus, le langage a été particulièrement lissé, c’est notamment le cas dans l’épisode 31 où la différence de façon de parler des personnages par rapport aux autres épisodes est très perceptible. On sent que cette adaptation a dû être faite dans des délais assez serrés, sans informations par rapport aux adaptations précédentes, et manifestement dans des conditions assez moyennes, d’où ce résultat, qui à défaut d’être extrêmement mauvais, est vraiment moyen. Pas mauvais, car il n’y a pas vraiment de problème vis-à-vis de la VO ou d’incohérence avec les épisodes traduits par l’équipe précédente, le redoublage se permettant même le luxe de corriger une erreur de dialogue sur le doublage d’origine sur l’épisode 15 mais voilà, on sent que ce n’est pas le même adaptateur et que ça n’a pas été fait ni à la même époque ni dans les mêmes conditions et encore moins avec la même qualité. C’est une traduction qui fait le « service minimum » si je puis dire, pas médiocre, mais sans grande folie. En entendant cela, on ne peut que se dire que les comédiens repris doivent sauver ce navire en plein naufrage. Hélas non !

Moi et pleins d’autres en voyant la qualité discutable de ce redoublage

Malheureusement, au niveau des comédiens, leur prestation est assez décevante. Si la plupart sont de retour, à l’exception de Laurent Hilling qui est décédé entretemps, l’interprétation est souvent très discutable. Si Marie-Laure Dougnac et Geneviève Taillade retrouvent à peu de choses près le même timbre de voix qu’elles avaient sur la série, ce n’est pas le cas de Pierre Laurent dont l’interprétation est un bon cran en dessous, même si elle reste globalement correcte. Non, le pire reste surtout Annabelle Roux sur Alex qui prend un timbre de voix insupportable, avec une interprétation extrêmement médiocre, à l’opposé totale de celle qu’elle avait fait sur le doublage d’origine où elle était excellente et avait totalement compris le personnage. La différence d’interprétation s’entend immédiatement par rapport au reste des épisodes doublés à l’origine et c’est d’autant plus frappant en les ayant entendus avant. J’insiste, mais c’est certainement l’élément typique qui pourrait vous donner l’envie de basculer sur la VO pour ces épisodes, tellement elle est passée totalement à côté du rôle selon moi. Cela dit, en ce qui concerne Serge Bourrier qui reprend les rôles de Laurent Hilling, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, il nous propose un plutôt bon remplacement, que ce soit sur Monsieur Durieux comme sur le commissaire Bruno. Il ne cherche pas à imiter Hilling et on entend clairement la différence, avec son timbre de voix innimitable, mais je suis d’avis que son interprétation reste malgré tout totalement valable sur ces deux personnages. Je ne doute pas qu’il aurait pu faire un encore meilleur travail si cela avait été fait dans de meilleures conditions, avec plus de temps, avec un visionnage des épisodes doublés à l’origine et de bien meilleurs textes, mais avec des « si », on peut mettre Paris en bouteille, avoir la paix et la prospérité partout dans le monde, avoir une VF des Héros de la Galaxie, etc…je digresse je sais.

    Enfin pour ce qui est de la direction artistique, pas grand-chose à dire dessus puisqu’on ne sait absolument pas qui a dirigé les comédiens. On peut supposer qu’il s’agissait certainement d’un des comédiens présent sur le plateau à ce moment-là, comme en avait l’habitude la S.O.F.I., possiblement un ancien membre du casting de la série qui a permis de reprendre une partie des comédiens, mais sans info officielle, difficile d’affirmer ou au contraire d’infirmer, l’énigme reste complète. Quoi qu’il en soit, malgré sans doute de bonnes intentions au départ, le résultat final niveau jeu est assez discutable, ça se sent que le temps a manqué, et peut-être la volonté de la part du directeur artistique en question, qui qu’il soit.

    Ça y est, nous avons enfin traité ce qui est, pour moi, le gros point noir de cette version française. Le redoublage des épisodes 15 à 31 est extrêmement moyen, la faute à une adaptation fade et sans grand génie, un manque de temps et de préparation criant, et certains comédiens qui n’arrivent plus à retrouver le bon timbre qui rendait leur interprétation si appréciable. On retrouve ici une grande partie des défauts typiques de recherche de qualité qu’avait les doublages de la société de doublage dans laquelle a eu lieu ce redoublage, à savoir la S.O.F.I. C’est dommage, vraiment dommage de voir ça, Cat’s Eye, comme Lady Oscar qui a eu droit également à un redoublage partiel de quelques épisodes, méritaient tous les deux beaucoup mieux.

CONCLUSION

Mais malgré ce redoublage discutable, il ne faut pas rester sur un apriori négatif de cette VF. Le doublage mérite largement, selon moi, l’excellente réputation qu’il a obtenu au fil des ans, si l’on excepte les quelques imperfections qui peuvent être excusables. Les textes sont excellemment bons, la direction artistique est parfaite et tous les comédiens sont à fond dans leur rôle. Bref, tout est réuni à ce moment-là pour faire un excellent doublage et le résultat est à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre. Cela nous montre bien que le problème du doublage d’animé à la fin des années 80 jusqu’au début des années 2000 n’est pas tant une question d’époque qui expliquerait le défaut d’un doublage, même si le manque de connaissance sur la culture japonaise n’a pas aidé, mais bel et bien un souci dû à un manque de professionnalisme, et sans doute une vision éditoriale et technique à côté de la plaque à tous les niveaux qui a tiré les versions françaises d’animés japonais vers le bas, le snobisme et le mépris pour ces « japoniaiseries » n’ayant pas forcément facilité cela d’ailleurs, couplés à une cadence de doublage beaucoup trop élevé, au détriment, indubitablement, de la qualité. C’est en ne tombant pas dans ces pièges que Dovidis, les adaptateurs de la série, et Frédéric Girard, ont su tirer de cette série une si bonne version française, qui a pu convaincre beaucoup de monde, notamment les téléspectateurs qui ont pu suivre cette série à l’époque comme aujourd’hui. La VF de Cat’s Eye est excellente, regardez-là sans hésitation, et pour ce qui est du redoublage, nous ne pouvons que croiser les doigts pour qu’une entreprise propose de nouveau le doublage d’origine des épisodes redoublés, afin que tout le monde puisse apprécier au mieux ce doublage comme il se doit.

    Et c’est sur ces belles paroles que je vous laisse. Encore une fois, je ne peux que remercier Gib’ d’Animeguides, ainsi qu’un petit Matoumalin pour leur aide concernant les informations en rapport avec le redoublage où l’on ne savait que très peu de choses au final à son propos. Je vous remercie tous pour votre soutien, et je vous rappelle que le mois prochain sort mon article bibliographique qui détaillera toutes les sources utilisées pour les articles comme celui-ci par exemple. Sur ce, bonne journée ou bonne soirée, tout dépend de l’heure où vous lisez cette critique, et à la prochaine fois pour ce que j’ai dit auparavant, mais aussi une petite surprise maison garantie sans placement de produit pour des illustrations d’Akio Sugino.

*Fun fact, le nom Quentin en VF vient de l’un des fils du patron d’IDDH, Bruno-René Huchez. Le même clin d’œil est présent dans la série animée Molierissimo, série animée française produite également par l’entreprise, avec le personnage principal qui porte ce nom.

N.d.A (Mai 2025) : A l’occasion de la republication de cet article sur mon site internet, quelques réajustements et corrections ont été fait pour retirer le plus de fautes d’orthographes, et améliorer la fluidité de lecture. L’ancienne version de l’article reste toujours disponible ici.

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